Sylvain était figurant sur le film Un Peuple et son roi de Pierre Schoeller. Voici le récit de son aventure.
« Être figurant sur un film, c’est comme une boite de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber. »
Si vous lisez ceci, vous êtes sans doute fan du Septième Art et vous avez donc reconnu cette citation de Forrest Gump. Vous avez peut-être même été figurant, ou envisagez de le faire. Dans tous les cas, voici mon expérience sur le tournage d’Un Peuple et son roi de Pierre Schoeller.
Être figurant, c’est le meilleur métier du monde, et le pire métier du monde.
Le rapport effort effectif/paie est quasiment imbattable, c’est l’occasion de se retrouver au cœur du tournage, et même – si on a de la chance – de voir sa trogne dans le produit final (j’ai eu de la chance pour Un Peuple et son roi).
Sur la plupart des tournages, la vie de figurant consiste à attendre sans savoir ce qui se passe et – de temps en temps – à faire semblant de lire un journal. Et même en sachant pertinemment qu’on n’est pas dans le cadre, faire quand même semblant de lire son journal en attendant de retourner attendre sans savoir ce qu’il se passe.
Petite anecdote 100% véridique : j’étais figurant sur un film (que je ne nommerais pas car j’ai signé un contrat de 15 pages), Christopher nous demandait de regarder quelque chose au loin, sans préciser de quoi il s’agissait. Comme nous étions au bord de l’eau, nous sommes partis du principe que nous devions regarder un bateau. Mais après plusieurs prises ratées, on nous a finalement annoncé que nous étions sensés regarder un avion ! Certes je ne m’attends pas à ce que le réalisateur vienne me demander à chaque plan où je placerais la caméra à sa place, mais il y a un minimum.
Revenons au tournage d’Un Peuple et son roi et la chaleur accablante de ses costumes.
Pour la première fois, on expliquait aux figurants le contexte de la scène – pas forcément du point de vue du film – mais du point de vue historique. Qui sont ces gens qui se regroupent dans une église ? Pourquoi ? Comment perçoivent-ils la Révolution?… C’était parfois un assistant, parfois le réalisateur lui-même qui nous expliquait la scène avant de faire tourner les caméras. Enfin, je comprenais ce qu’on attendait de moi !
Ce tournage a également été marquant par la sympathie des acteurs principaux du film, dont on connaît le côté parfois inaccessible. Ici la ségrégation figurants / acteurs se faisait nettement moins sentir : pas de starlettes qui vont se réfugier dans leur loges entre deux prises, pas de plateau repas « spécial figurant », tout le monde était plus ou moins logé à la même enseigne (Adèle Haenel m’a même donné un M&Ms).
Au final, ce fut une très bonne expérience et même si tout ceci n’est que du cinéma, n’oubliez pas de vous démaquiller avant de reprendre le métro en fin de journée. Ma fausse blessure en caoutchouc était apparemment très convaincante pour les occupants de la ligne 8.